»Mauvais genre » de Chloé Cruchaudet

Titre VF : Mauvais genre
Auteur : Chloé Cruchaudet
Editions Delcourt / Mirage, 2013.
Genre : Bande dessinée, biographie, historique.

 » Comment tu veux que ça paraisse naturel ? J’suis un bonhomme, c’est tout !  »

Résumé :
 » Paul et Louise s’aiment, Paul et Louise se marient, mais la Première Guerre mondiale éclate et les sépare. Paul, qui veut à tout prix échapper à l’enfer des tranchées, devient déserteur et retrouve Louise à Paris. Il est sain et sauf, mais condamné à rester caché dans une chambre d’hôtel. Pour mettre fin à sa clandestinité, Paul imagine alors une solution : changer d’identité. Désormais il se fera appeler… Suzanne. Entre confusion des genres et traumatismes de guerre, le couple va alors connaître un destin hors norme.

Inspiré de faits réels, Mauvais genre est l’étonnante histoire de Louise et de son mari travesti qui se sont aimés et déchirés dans le Paris des Années folles.  »

 
Mon avis :
D’après La garçonne et l’assassin de Fabrice Virgili et Danièle Voldman, Chloé Ducrauchet met en image l’histoire improbable mais pourtant vraie de Paul et Louise.
Nous nous retrouvons plongés dans le Paris d’avant guerre, fourmillant de cabarets et de joie de vivre, où Paul et Louise se rencontrent et se marient. Mais bien vite Paul, parti sur le front, ne supporte pas la vie dans les tranchées et déserte le champ de bataille pour retrouver sa bien-aimée. Ils inventent alors ensemble la vie de Suzanne, nouvelle identité de Paul, qui va bientôt se prendre au jeu… C’est un Paris secret et libertin qui nous est alors dévoilé. A travers l’histoire de ce couple, s’est aussi l’histoire de la liberté sexuelle qui nous est contée, dans un pays qui est loin de la reconnaître. Les planches nous propulsent dans les envies et les découvertes d’un couple, leurs curiosités mais également leurs peurs.

Les personnages sont particulièrement bien développés. Même si généralement dans le genre bande-dessinée, surtout en un seul volume, les événements sont rapides, ici, les protagonistes et leurs actions nous sont exposés simplement mais naturellement, si bien que le lecteur n’a pas l’impression de survoler leurs vies. Nous entrons véritablement dans leur quotidien, si bien que nous ressentons beaucoup d’émotions.

Les dessins reflètent particulièrement bien l’état d’esprit des personnages, cette ambiance angoissante, cette pression sur leurs épaules et la peur de se faire démasquer. La colorisation en sépia donne véritablement cette touche d’une époque rude mais traversée par des éclaircies, amenées par le rouge utilisé dans certaines planches afin de transmettre l’amour, la passion et la mort sanglante. Malgré tout, j’ai parfois trouvé que les traits des personnages étaient trop francs, par exemple lorsqu’ils haussent la voix, nous avons l’impression qu’ils sont dans une colère noire, il n’y a pas d’entre deux et c’est ce qui m’a gênée. Mais c’est la seule chose que je reprocherai, car je trouve que le format bande-dessinée donne à l’histoire une matière et une complexité plus réaliste, dans laquelle le lecteur se plonge plus facilement.

En conclusion, entre traumatismes de guerre et expériences sexuelles, une histoire comme on en lit peu…