»La Maison » de Emma Becker – Rentrée Littéraire 2019

Titre VF : La Maison

Autrice : Emma Becker

Editions Flammarion, 2019.

Genre : Littérature contemporaine

 » Car en un soir j’avais saisi tout ce qui avait inspiré des ouvrages si tristes sur la prostitution. Et par fierté, parce qu’il était hors de question que je ponde un bouquin naïf ou misérabiliste ou pis, un bouquin qui n’aurait effleuré qu’une facette de ce travail, je me suis persuadée qu’il y aurait quelque chose de beau ou de drôle à écrire, même s’il fallait racler le fond du fond. J’espérais que ma voix rendrait humaine la réalité de la prostitution –, même si moi seule me battait pour ce mensonge-là.  »

Résumé :

 » J’ai toujours cru que j’écrivais sur les hommes. Avant de m’apercevoir que je n’écris que sur les femmes. Sur le fait d’en être une. Écrire sur les putes, qui sont payées pour être des femmes, qui sont vraiment des femmes, qui ne sont que ça ; écrire sur la nudité absolue de cette condition, c’est comme examiner mon sexe sous un microscope. Et j’en éprouve la même fascination qu’un laborantin regardant des cellules essentielles à toute forme de vie.

Emma Becker a trente ans. Elle est écrivain. Elle vit à Berlin, où, durant deux ans, elle a travaillé dans une maison close. Aux éditions Denoël, elle a publié deux romans, Mr. (2011) traduit dans quatorze pays, et Alice (2015).  »

Chronique :

Les maisons closes vous fascinent, vous vous demandez ce qu’il se passe dans l’intimité de leurs chambres, qui sont les clients mais plus encore qui sont ces filles ?

Emma Becker souhaitait écrire sur ce haut lieu de fantasme et est donc partie à Berlin, ville où la prostitution est légalisée, pendant deux ans au sein d’une de ces fameuses maisons.

Ce livre n’est pas une romance érotique, pas tout à fait une enquête ni un roman. La force de ce texte est de sortir des sentiers battus, de faire entrer le lecteur dans le fourmillement de cette vie où donner son corps est à la fois d’un naturel si déconcertant et si difficile parfois.

Emma Becker ne fait ni l’apologie de la prostitution ni son procès, elle évoque simplement ce qu’elle a vécue et la réalité de ces filles. Elle leur redonne une voix en écrivant leur histoire et leur personnalité. Avec humour et tendresse, elle les observe. Ce regard qu’elle leur porte est presque celui d’une amante et nous tombons sous le charme des femmes et non des putes. Mais loin de l’image idéalisée d’une prostituée de haut standing, Emma Becker nous livre le versant sombre de ses expériences. Les clients ont aussi la part belle, entre les habitués et leurs manies, ceux de passage et leurs exigences, ceux qui tombent amoureux après deux rendez-vous, les personnalités sont multiples.

C’est un véritable roman de société que nous livre l’autrice, une tranche de vie qui exprime tellement de nos mœurs et de la place de chacun. De cette société hyper-sexualisée où paradoxalement en parler plus ne rend pas les choses plus facile.

Un livre dans lequel l’autrice laisse volontairement la place aux autres pour mieux se raconter et nous révéler ses pensées. Un livre à multiples facettes tant dans la forme que dans le contenu. Un texte travaillé tout en étant cru et brut, sans phare. Une belle prouesse littéraire et à la fois un journal intime. Entrez dans La Maison

Je remercie vivement la maison d’édition pour l’envoi de ce livre !

5 réflexions sur “ »La Maison » de Emma Becker – Rentrée Littéraire 2019

    • Oui je l’ai regardé et j’ai trouvé qu’elle exposait vraiment bien ce qu’elle a vécue. Je peut comprendre que le thème fasse peur mais c’est vraiment un entre deux : à la fois un roman et une enquête mais le roman prend vite le dessus et on se laisse  »avoir » oserai-je… On plonge avec bonheur dans ses pages et dans La Maison…

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