»L’amant » de Marguerite Duras

Titre VF : L’amant

Auteur : Marguerite Duras

Editions de Minuit, 1984.

Genre : Autobiographie, Littérature contemporaine

Prix Goncourt 1984, Prix Ritz-Paris-Hemingway 1986

 » A dix-huit ans j’ai vieilli. Je ne sais pas si c’est tout le monde, je n’ai jamais demandé.  »

Résumé :

 » Roman autobiographique mis en image par Jean-Jacques Annaud, L’amant est l’un des récits d’initiation amoureuse parmi les plus troublants qui soit. Dans une langue pure comme son sourire de jeune fille, Marguerite Duras confie sa rencontre et sa relation avec un rentier chinois de Saigon. Dans l’Indochine coloniale de l’entre deux-guerres, la relation amoureuse entre cette jeune bachelière et cet homme déjà mûr est sublimée par un environnement extraordinaire. Dès leur rencontre sur le bac qui traverse le Mékong, on ressent l’attirance physique et la relation passionnée qui s’ensuivra, à la fois rapide comme le mouvement permanent propre au sud de l’Asie et lente comme les eaux d’un fleuve de désir. Histoire d’amour aussi improbable que magnifique, L’amant est une peinture des sentiments amoureux, ces pages sont remplies d’un amour pur et entier.  »

Avis :

L’amant est une réécriture d’un premier roman, Un barrage contre le Pacifique. L’histoire est à peu de choses près la même, une enfant, en l’occurrence l’auteur, vie en Indochine avec sa mère, veuve, et ses deux frères, l’un est violent et l’autre doux. Elle, est plutôt solitaire et un jour, en rentrant de l’école, elle rencontre un riche chinois et découvre à 15 ans l’amour physique. Cette relation est faite de sexe et d’argent, mais cela ne dérange nullement notre jeune adolescente qui exerce un pouvoir presque effrayant sur cet homme plus âgé qu’elle. Une passion que tout deux savent éphémère et qui la rend encore plus violente.

Contrairement au récit premier, où la protagoniste s’appelait Suzanne et était plus âgée, dans L’amant c’est Marguerite Duras qui évoque ses souvenirs et est la narratrice de sa propre histoire. La forme du récit et son intrigue sont d’ailleurs d’une totale adéquation, en raison d’un passage incessant entre le  »je » et la troisième personne, montrant le travestissement de certaines actions recrées par les souvenirs ou leur absence. Une œuvre entre fiction et réalité, mais une réelle histoire qu’elle à souhaité écrire à 60 ans passé.

Certes, l’histoire d’amour est bien le récit central mais c’est surtout la construction et le passage de l’enfance à l’adolescence qui y est dépeint. En cela la relation mère / fille est d’une grande importance, elle se construit en total opposition, certes, mais elle est bien plus complexe que cela. En effet, la mère est à la fois outrée du comportement de sa fille, mais elle à elle-même encouragée ces actions. Une part d’elle souhaite revivre sa jeunesse par procuration. Une relation ambivalente qui les détruit l’une l’autre.

Les oppositions sont légions au sein du récit, entre les membres de sa famille, mais également la distance entre les Occidentaux et Orientaux. Le style de la narratrice, talons hauts et chapeau masculin, choque, et la met à l’écart, passage obligatoire pour se réaliser elle-même ? Certainement, car elle met beaucoup de soin à se tenir à distance des conventions et briser les tabous afin de vivre librement. Une solitude forcée qui lui donne la force de se construire comme elle le souhaite réellement.

L’amant est un texte d’une force brutale et d’une fragilité indicible alliées au charme moite de l’Indochine des années 20.

24 réflexions sur “ »L’amant » de Marguerite Duras

  1. Pingback: Index par auteur ( nom de famille ) : de A à K | Topobiblioteca

  2. Pingback: Bilan du mois de Juin 2017 et Dans la hotte de Charlotte | Topobiblioteca

  3. Faut que j’arrête de lire des articles concernant ce livre parce que j’ai vraiment envie de le découvrir. J’avais lu un Barrage contre le Pacifique que j’avais absolument aimé et l’Amant me fascine étrangement aussi.

  4. On m’a mis mon premier Duras entre les mains il y a quelques semaines, je ne m’en suis toujours pas remise et je garde mon billet pour la semaine prochaine car il ne me satisfait pas pleinement. Je ne savais pas qu’Un barrage sur le Pacifique et L’Amant était si liés. Tu me donnes envie de les lire (de toute façon, j’ai décidé de lire tout Duras).

Laisser un commentaire