»Le silence » de Nathalie Sarraute

Titre VF : Le silence
Auteur : Nathalie Sarraute
Editions Folio Théâtre, 1998.
Genre : Théâtre

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 » Un seul mot. Une seule petite remarque toute banale. N’importe quoi, je vous assure, ferait l’affaire. Mais ça doit être plus fort que vous, n’est-ce pas ? Vous êtes  »emmurés dans votre silence » ? Je crois que c’est comme ça qu’on dit ?… On voudrait en sortir et on ne peut pas, hein ? Quelque chose vous retient…  »

Résumé :
 » Six personnages ne peuvent poursuivre un dialogue normal à cause du silence d’un septième. L’existence de vide au cœur de l’échange traditionnel fait naître une spirale infernale où chacun est entraîné jusqu’à la destruction de toute vérité, de tout langage. Mais cette cantate à six voix en contient pourtant une septième, celle de l’humour.  »
Mon avis :
Nathalie Sarraute, capte, par son écriture, les petites choses du quotidien, les petits riens que l’on feint de ne pas remarquer, afin de les amplifier, pour fait remonter à la surface tout ce qu’on ne dit pas. Elle souhaite faire ce que l’on nomme, de la sous-conversation, une vraie conversation, c’est cela qui fait son théâtre.
Elle veut capter les  »tropismes » (réaction d’une chose de l’organisme par rapport à quelque chose d’extérieur ), chez l’humain, le tropisme est ce qui glisse à la limite de la conscience. Chacune de ses pièces, se consacre sur le développement d’un tropisme, ici le silence, afin d’en faire ressortir toutes les nuances, que l’on ne capterait pas consciemment, et d’en faire une véritable expérience, aux limites de la science et de la littérature. Elle questionne le cadre social où naissent les conflits, à cause de la fausseté des rapports entre les personnages.

Mais ce que les personnes lambda, dans le quotidien, feindraient de ne pas remarquer, les personnages de Sarraute le nomment. Ces derniers n’ont pas d’identité et pas de noms, ce ne sont que des voix. La question du sexe des personnages ne se pose pas, car pour elle, ils n’ont pas de genre, elle change de voix afin de créer le dialogue, uniquement pour ne pas perdre le spectateur, mais que ce soit une voix féminine ou masculine, l’importance ne se situe pas là, mais bien plus dans l’expérience d’écriture.

L’auteur écrit dans une langue quotidienne, partagée par tous, et l’inflexion de la voix est aussi importante que les mots, car Sarraute écrit pour la radio, donc pour une mise en voix et non une mise en scène. La langue reflète le vide sous les mots et le langage est impuissant à dire le monde. Sarraute se positionne contre la belle langue, car si l’œuvre est trop parfaite, on ne peut plus la transmettre et se sera la mort de l’œuvre. Mais sa quête est impossible, car on ne peut pas atteindre le sentiment pur.

En conclusion, Nathalie Sarraute veut créer un conflit dans le lieu social, par des expériences d’écritures. Bien que la question du genre n’a pas d’importance, dans ses pièces, le problème évoqué au sein de l’histoire vient toujours du masculin, finalement ne reproduirait-elle pas le schéma social ?

12 réflexions sur “ »Le silence » de Nathalie Sarraute

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  2. ça a l’air d’être un livre assez spécial… un peu déroutant même, ne serait que par sa forme.
    Je n’ai jamais lu de livre de Nathalie Sarraute et ce que tu dis de celui-ci m’intrigue 😉

    • Je pense que si on aime les écritures qui tentent des choses, les expériences, c’est à lire. J’ai apprécié mon moment, et d’autant plus lorsque je m’imaginais comment cela a été perçue par les spectateurs à l’époque, car c’était vraiment novateur et encore aujourd’hui, je dirai que peu de choses se rapprochent de son écriture.

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