»Femmes invisibles – Comment le manque de données sur les femmes dessine un monde fait pour les hommes » de Caroline Criado Perez

Titre VO : Invisible Women (2019)

Titre VF : Femmes invisibles – Comment le manque de données sur les femmes dessine un monde fait pour les hommes

Autrice : Caroline Criado Perez

Traduit de l’anglais par Nicolas Dupin.

Editions First, 2020.

Genre : Essai, Féminisme, Société

 » En matière de problèmes médicaux qui concernent principalement, ou uniquement des femmes, il ne faut pas compter sur l’inclusion des femmes dans les essais, car dans ce domaine, les recherches sont souvent totalement inexistantes.  »

Résumé :

 » Bienvenue dans un monde fait pour les hommes…

Imaginez un monde où votre téléphone portable vous glisse des mains parce qu’il est trop grand, où vous faites la queue des heures pour aller aux toilettes, où les médicaments que l’on vous prescrit peuvent être mauvais pour votre corps, et où un grand nombre de vos heures travaillées ne sont pas payées…

Si l’un de ces scénarios vous est familier, c’est sans doute que vous êtes une femme.
Cela semble incroyable, mais c’est pourtant une réalité : la plupart des infrastructures et équipements que l’on utilise quotidiennement ont été pensés sans égard aux différences entre les sexes. Pourquoi ? Parce que ce sont des hommes qui ont imaginé le monde dans lequel on vit, et qu’ils l’ont imaginé pour des hommes, à leur image.

Ainsi, si les femmes ont souvent froid sur leur lieu de travail, c’est parce que la température des bureaux est basée sur le métabolisme d’un homme. Si elles sont plus susceptibles d’être gravement blessées lors d’accident de la route, c’est parce que les tests de sécurité sont effectués sur des hommes d’1,77 m pesant 76 kilos. Enfin, si elles ont davantage de risques de mal réagir à certains médicaments, c’est, encore une fois, parce que les tests scientifiques sont effectués sur des hommes, sans prendre en compte les spécificités du corps féminin.

Tout au long de cette enquête stupéfiante, Caroline Criado Perez montre que les femmes sont tout simplement absentes de la majorité des études statistiques, au détriment de leur santé, de leur sécurité, et parfois même de leur vie.  »

Chronique :

Être une femme au XXIeme siècle n’est quand même pas si terrible, me direz-vous !? Oui, nous ne sommes plus liées à notre mari ou notre père pour sortir sous bonne escorte, nous pouvons travailler et ouvrir un compte bancaire, nous pouvons vivre sans un homme tout simplement. Mais est-on véritablement à l’abri ? La réponse malheureusement, vous la découvrirez dans les pages de Femmes invisibles est : non, et vous serez certainement plus que surpris(es) !

En effet, saviez-vous qu’un téléphone portable est conçu pour des mains d’hommes, que les GPS les plus performants ne reconnaissent bien souvent qu’une voix grave ou encore que les essais cliniques n’incluent la plupart du temps ( lisez plutôt  »jamais » ) les femmes, surtout lorsqu’ils ont pour but, et c’est bien rare, le corps féminin ! Ceci n’est qu’un petit échantillon d’exemples, je vous laisse lire le reste car croyez-moi, cela vaut le coup, allez je vous donne un dernier petit aperçu… la molécule du viagra, connu pour que les hommes vieillissants puissent s’adonner au plaisir charnel jusque sur leur lit de mort, pourrait, si on laissait assez de place aux recherches sur le sujet, être un médicament sans danger contre les douleurs menstruelles, garanti sans effets secondaires !

Femmes invisibles est un essai édifiant sur la puissance de l’absence de données statistiques genrées. La plupart des études, recherches et autres bases de recensements ne concernent que les hommes et écartent ou ne prennent pas en compte le genre dans leur résultat. Cela conduit donc à nier les spécificités du corps féminin dans les innovations et évolutions de notre société. En effet, si rien n’indique qu’une femme et un homme sont différents sur certains points car les recherches en conséquence ne sont pas réalisées, cela va donner des produits et médicaments conçus pour tous, sans différences aucunes. Or, le corps féminin ne va pas réagir pareil à celui d’un homme à telle dose de médicaments, ne va pas se positionner de façon similaire dans une voiture du fait de la taille, du poids et de la poitrine, ne peut pas utiliser les mêmes vêtements de travail conçus en taille unique et sur le modèle d’un homme et surtout ne peut pas, sans risques, se servir des machines ou du matériel spécifiquement conçus pour un corps masculin.

Mais le problème n’est qu’effleuré par ce constat et c’est là la puissance de l’essai de Caroline Criado Perez, elle part de choses simples comme la charge mentale et les tâches ménagères mais va bien plus loin en parlant du système de santé et des infrastructures qui ne sont conçus que sur un modèle de vie unique, celui de l’homme et donc par raccourci pour la plupart du monde, de l’humain. Mais l’humain se divise en deux catégories aux caractéristiques et besoins divergents sur un certain nombre de points, dont il faut prendre conscience dès maintenant pour faire évoluer nos sociétés vers plus de sécurité et de reconnaissance des femmes et des spécificités de leurs corps ainsi que de leur besoin.

Moi même en tant que femme, féministe, un temps soit peu au courant d’un certains nombres de points, j’ai été particulièrement étonnée de la portée que peut avoir ce livre. L’autrice se base sur d’innombrables recherches, détails et précise sa pensée afin que tous les sujets qu’elle aborde soient claires et précis. Il n’y a pas de doute à avoir à la lecture de ces lignes ! On peut penser qu’elle va trop loin, que c’est tiré par les cheveux, mais force est de constater que ce que nous avance Caroline Criado Perez est plus que censé et a des répercussions innombrables, importantes et dangereuses. Il en va de la survie de la moitié de la population mondiale…

16 réflexions sur “ »Femmes invisibles – Comment le manque de données sur les femmes dessine un monde fait pour les hommes » de Caroline Criado Perez

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  2. C’est pourtant vrai pour les toilettes… Cela ne m’était pas apparue avant …C’est évidemment qu’on ne peut avoir la même grandeur d’espace puisque nous ne procédons pas de la même façon ! Et que dans ses conditions, il y aura tjs la queue du côté des femmes si les choses ne changent pas… J’irai le feuilleter ce livre 😉 merci

    • Exactement, l’autrice à écrit tout un chapitre sur les toilettes justement, en incorporant les sanitaires publics et ceux des camps de réfugiés par exemple… C’est édifiant !
      Je pense sincèrement qu’il faut réussir à faire changer les mentalités et les préoccupations… Mais je reste confiante, on y arrivera, tous ensemble !

  3. Il faut absolument que je le lise celui-ci. Notre monde devrait plus être adapté aux femmes et on devrait plus s’en rendre compte. Ce genre de livre est essentiel pour ouvrir les yeux.

    • Exactement, je ne peux que t’encourager à le lire, il est stupéfiant ! C’est avec ce type de texte que l’on va pouvoir faire bouger les choses et les mentalités ! Au moins le débat est ouvert…

  4. Oh je ne connaissais pas cet essai ! J’ai lu plusieurs essais féministes récemment et je mets tout de suite celui-ci dans ma PAL 😉 Ta chronique me fait penser à un épisode de Les couilles sur la table dans le milieu de l’informatique spécifiquement, c’est le #58 intitulé Des ordis, des souris et des hommes. Merci !

    • Ah tiens je vais aller écouter ça !! Oui c’est hallucinant et même nous, femmes, ne prenons pas conscience de tout cela… il faut que cela change et si on ne se bat pas pour nous, personne ne le fera…

  5. Pingback: C’est le 1er, je balance tout ! juillet 2020 | Light & Smell

    • Le pire c’est que même nous, femmes, il faut le lire pour qu’on en prennent réellement conscience et qu’on se disent que non, cela ne va pas de soi et que ce n’est pas normal ! Il faut en parler pour faire bouger les choses… Merci de ton passage ici =)

  6. J’ajoute un commentaire d’un homme qui se sent tout à fait concerné par ces problèmes et en phase avec vos notes de lecture. Cela concerne les inégalités dont notre type de société s’accomode trop bien ! Bravo pour votre blog et vos articles !

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