»Les belles endormies » de Yasunari Kawabata

Titre VO : Nemureru bijo ( 1961 )

Titre VF : Les belles endormies

Auteur : Yasunari Kawabata

Traduit du Japonais par René Sieffert.

Editions Le livre de poche, 2013. ( éditions Albin Michel, 1970 ).

Genre : Littérature contemporaine, Japonaise

 » Mille dépravations sont cachées dans les ombres de ce monde.  »

Résumé :

 » Dans quel monde entrait le vieil Eguchi lorsqu’il franchissait le seuil des Belles Endormies ?

Ce roman, publié en 1961, décrit la quête des vieillards en mal de plaisirs. Dans une mystérieuse demeure, ils viennent passer une nuit aux côtés d’adolescentes endormies sous l’effet de puissants narcotiques. Pour Eguchi ces nuits passées dans la chambre des voluptés lui permettront de se ressouvenir des femmes de son passé, et de se plonger dans de longues méditations. Pour atteindre, qui sait ?, au seuil de la mort, à la douceur de l’enfance et au pardon de ses fautes.  »

Avis :

Eguchi, dit, le vieil Eguchi, notre personnage principal, devient un habitué d’une étrange villa, permettant aux hommes âgés de passer des nuits avec de charmantes créatures, endormies et droguées pour ne pas qu’elles s’éveillent. Nous le suivons, nuit après nuit, dans les brumes de ses souvenirs…

Nous entrons dans un monde tout particulier, empreint de nostalgie et de drogue. Une ambiance feutrée, étrange et presque poisseuse. Sous couverts de la vie amoureuse et sexuelle d’Eguchi, c’est tout de même une maison close d’un autre genre, certes, mais une maison de passe tout de même que nous rencontrons. Ce qui m’a dérangée c’est de ne pas comprendre vraiment le pourquoi du comment de ce lieu. J’ai finalement été plus intriguée par celui-ci d’ailleurs que par notre personnage principal.

Un texte descriptif, d’une lenteur recherchée, amenant une ambiance vaporeuse. Malheureusement, ses longues descriptions loin de m’avoir embarqué dans un monde imaginatif, m’ont endormie sous des lignes et des lignes décrivant les positions et corps inertes des jeunes-filles. Si ces chaires sont le prétexte, pour Eguchi de se souvenir des femmes qui ont traversées sa vie, ces moments sont bien trop courts pour nous attacher au personnage, que l’on ne fait que deviner. Il semble plus complexe et plus immoral qu’il ne le laisse supposer et le lecteur tant vers un brin de curiosité, qui s’essouffle vite lorsqu’il comprend que ce ne sont que des passages brefs de la vie d’Eguchi qu’il suivra.

Finalement, le texte se termine là où il aurait été, pour moi, intéressant de commencer, puisque nous avons enfin un peu d’action ! Si j’ai aimé l’idée de retracer les périodes amoureuses d’une vie, je n’ai pas compris la volonté de l’auteur de nous immerger dans un flot de description et de code propre à cette étrange villa, sans rien apporter d’autre à l’intrigue. La fin, notamment, m’a fait espérer une chute digne de ce nom, pour n’être finalement qu’un soufflé raté.

Le livre est l’une des inspirations pour le film Sleeping Beauty ( 2011 ) de Julia Leigh. J’étais curieuse de découvrir le film, de part ma déception face au livre.

Nous suivons Lucy, qui enchaîne les petits boulots, jusqu’à découvrir la villa de Clara, dans laquelle, droguée, elle dort, chaque nuit, à côté d’hommes âgés, ce qu’elle ignore. Le film n’est absolument pas une adaptation, il reprend uniquement le principe des endormies au service d’une autre intrigue. La notion d’intrigue, est d’ailleurs, ici, à prendre au sens large, tant la réalisatrice détruit les codes cinématographiques. En ce sens, le rapport entre le film et le livre est l’ambiance. Il faut, je pense, pour entrer dans cet univers, accepter de ne pas tout comprendre. Le postulat de départ de Julia Leigh est un rêve : savoir se que ferait une personne pendant qu’une autre dort et que celle-ci ignore être aux côtés de quelqu’un. Beaucoup de plan fixe, une lenteur étudiée, qui n’ont pas eu de prises sur moi. Une violence sournoise, une solitude quotidienne, rythmée de rencontres brèves. Un film évanescent, qui nous laisse avec un goût amère et des questions sans réponses…

En bref, Les belles endormies fut pour moi un rêve qui ne demeurera pas en mémoire…

12 réflexions sur “ »Les belles endormies » de Yasunari Kawabata

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  2. J’ai lu un livre de Kawabata et je ne me souviens même pas du titre, cette chose est rare chez moi d’ailleurs signe que le livre m’avait déplu pour les mêmes raisons que tu cites. J’avais bien envie de lire Les belles endormies que j’ai dans ma PAL pour me faire une idée.

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  4. C’est marrant c’est totalement l’inverse pour moi ! J’ai aimé la lente et douce poésie qui émane des Belles endormies 🙂
    J’ai vu sleeping beauty il a bien longtemps et je n’avais pas aimé. Et même en lisant Kawabata à ta quelques années plus tard je ne me suis doutée de rien !

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