»Les gens dans l’enveloppe » de Isabelle Monnin avec Alex Beaupain

Titre VF : Les gens dans l’enveloppe
Auteurs : Isabelle Monnin avec Alex Beaupain
Editions JC Lattès, 2015.
Genre : Littérature contemporaine

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 » Je crois que toute vie vaut la peine d’être racontée, chaque vie est un témoignage de toutes les autres. On racontera une époque, une terre, un petit monde. On racontera la vie des gens dont on ne parle jamais. Elle vaut autant que celles dont on parle – autant et aussi peu.  »

Résumé :
 » En juin 2012, j’achète à un brocanteur sur Internet un lot de 250 photographies d’une famille dont je ne sais rien. Les photos m’arrivent dans une grosse enveloppe blanche quelques jours plus tard. Dans l’enveloppe il y a des gens, à la banalité familière, bouleversante. Je décide de les inventer puis de partir à leur recherche. Un soir, je montre l’enveloppe à Alex. Il dit :  » On pourrait aussi en faire des chansons, ce serait bien.  » Les gens dans l’enveloppe, un roman, une enquête, des chansons.  »

 
Mon avis :
Les gens dans l’enveloppe n’est pas un simple roman, en effet, l’originalité réside dans sa construction : tout d’abord nous avons un roman chorale, décrivant la vie d’une famille dans les années 1970, s’étalant jusqu’en 1994, plusieurs générations au sein d’un même roman donc, mais surtout deux histoires. En effet l’auteur achète un lot de photos d’une famille dont elle ne sait rien et décide d’inventer leur histoire, celle qu’elle s’imagine par ce que dégage les photos, puis de partir à leur recherche et d’écrire, dans une deuxième partie, cette quête et leur véritable vie.
Nous comprenons ainsi que ce que l’on imagine des autres est façonné par ce que nous vivons nous-mêmes : en effet, certains traits de caractères des personnages qu’invente l’auteur, sont à l’opposé de ce qu’elle est, évoque-t-elle d’ailleurs au sein du récit, ou au contraire lui ressemblent fortement. L’auteur, dans son texte, n’est pas transparente, elle tient même le devant de la scène, c’est elle la principale actrice de l’histoire. En effet, Isabelle Monnin s’adresse à son lecteur en toute franchise, elle lui explique ses recherches, nous suivons pas à pas son avancée dans cette incroyable aventure. Mais ce procédé n’empêche nullement de croire à l’intrigue contée à partir des clichés, puisque nous entrons initialement dans le premier récit, sans autre forme de procès, et ensuite nous sommes mis au courant de son projet, l’auteur nous mettant à disposition les carnets dans lesquels elle relate sa quête, au jour le jour. Par ce biais, le lecteur se sent aussi investie qu’Isabelle Monnin dans ce projet et se prend au jeu.

Les personnages du premier récit sont particulièrement bien construits, l’auteur échafaude son histoire par les photos qu’elle reçoit mais elle à véritablement bien pensé celle-ci : le passé des personnages, leurs sentiments et leurs actes, tout en intégrant le contexte des années 70 que révèle les clichés. En ce qui concerne les personnes qui ont inspirés ces protagonistes, elle leur rend un très bel hommage dans la deuxième partie du roman, en écrivant leur histoire, montrant que chaque vie vaut la peine d’être dite, exposant le reflet de la société de l’époque. L’histoire n’est pas uniquement faite par les grands destins.

Le style de l’auteur est dans la première partie, empreint de poésie et de réalisme, tandis que dans la seconde, les tournures de phrases sont plus simples, restant au plus près de ce que l’auteur vie dans ses recherches. La coupure n’est pourtant pas si franche, les deux récits se mélangent particulièrement bien, nous retrouvons la même ambiance dans la deuxième intrigue, car l’auteur va tenter de mettre le vrai visage sur les personnages qu’elle a inventé, mais le spectre de ses protagonistes imaginés plane toujours sur le récit jusqu’à se confondre avec la vraie.

Les musiques donnent un charme mélancolique au livre. Les paroles sont écrites en fonction du destin des personnages inventés par l’auteur, dans la première partie, et chantés par les gens sur les photos. Les musiques sont douces, nous donnant véritablement à entendre les paroles, les images viennent spontanément à l’esprit et elles expriment beaucoup de sentiments. Des chansons que l’on pourraient chanter sur la plage, au bord d’un feu de camp, à la fin des vacances.

En conclusion, un roman original de part sa construction, qui investi véritablement le lecteur dans l’histoire.

18 réflexions sur “ »Les gens dans l’enveloppe » de Isabelle Monnin avec Alex Beaupain

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  2. Ta chronique me rassure; je suis très intriguée par ce livre, ou par son concept, mais je n’ai pas sauté le pas, j’avais peur que le côté roman, puis le côté journalistique soit trop lourd. Par contre, savoir qu’il y a des musiques de Alex Beaupain, j’ai envie de m’y lancer tout de suite!

    • Je crois que la construction y est pour beaucoup dans l’appréciation du roman et je trouve que l’auteur à fait les choses de façon naturelle =) J’ai bien aimé cette pluridisciplinarité, un roman mais plusieurs histoires, une enquête et des musiques ! Je pense que tu peux te lancer =)

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  4. J’avais vu en librairie ce bouquin et le principe me parlait bien ! C’est vraiment intéressant que des auteurs aient de tels projets qui sortent un peu des sentiers battus.

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